Politique, diplomatie, sport… « Le Monde Afrique » fait le point sur les rendez-vous à ne pas manquer sur le continent cette année.
Des élections, des sommets diplomatiques, des événements sportifs : Le Monde Afrique a sélectionné plusieurs événements phares qui rythmeront l’année 2021 sur le continent… sous réserve que la crise sanitaire liée au Covid-19 n’en décide pas autrement.
DES ÉLECTIONS
- Bénin
Le président sortant, Patrice Talon, qui avait un temps assuré vouloir ne faire qu’un seul mandat, s’est finalement déclaré candidat à sa succession à l’élection présidentielle d’avril au Bénin. Après les législatives controversées de 2019, le chef de l’Etat – qui a entamé une tournée pour aller à la rencontre de sa population – promet un scrutin « inclusif ». Mais l’opposition dénonce une « dérive autoritaire » et le risque d’une élection verrouillée, alors qu’une nouvelle disposition électorale impose d’être parrainé par seize maires ou députés pour pouvoir être candidat. Pour l’heure, l’unique adversaire déclaré de Patrice Talon est l’universitaire Frédéric Joël Aïvo. A charge pour lui de parvenir à récolter ces parrainages auprès d’élus qui sont dans leur grande majorité affiliés à la mouvance présidentielle
- Djibouti
Ismaïl Omar Guelleh semble prêt à rempiler pour un cinquième mandat à la tête de Djibouti, qu’il dirige d’une main de fer depuis 1999. L’opposition, morcelée et malmenée par les autorités, n’a quasiment aucune chance de l’emporter à l’élection présidentielle d’avril. Agé de 73 ans, « IOG » devrait donc continuer de présider aux destinées d’un pays dont plus de la moitié des habitants ont moins de 24 ans et où le taux de chômage dépasse toujours les 45 %. L’enjeu pour le chef de l’Etat est surtout de parvenir à conforter le positionnement multipolaire de son petit pays, stratégiquement situé entre la Corne de l’Afrique et la péninsule Arabique, malgré la mainmise grandissante de la Chine.
- Congo-Brazzaville
Trente-sept années cumulées au pouvoir ne suffisent manifestement pas à Denis Sassou-Nguesso, qui a été investi candidat par le Parti congolais du travail (PCT) et 17 formations de la majorité pour l’élection présidentielle de mars au Congo-Brazzaville. Il affrontera notamment Mathias Dzon, 74 ans, son ancien ministre des finances (1997-2002), et Guy Brice Parfait Kolélas, 61 ans, classé deuxième lors de la présidentielle très contestée de 2016. Une bonne partie de la société civile reproche au chef de l’Etat sortant une gouvernance « autocratique » et un bilan « catastrophique », alors que le pays peine à se relever d’une violente crise de la dette.
- Tchad
Avec des rassemblements officiellement interdits pour raisons sanitaires, l’opposition est en mauvaise posture pour contester un éventuel sixième mandat d’Idriss Déby Itno au Tchad. Au pouvoir depuis 1990, le maréchal président, âgé de 68 ans, n’a pas encore officialisé sa candidature à l’élection présidentielle d’avril. Mais peu doutent de ses visées dans un pays qui demeure miné par le mal-développement, une corruption endémique et les violences terroristes.
- Gambie
Suite à l’éviction de l’autocrate Yahya Jammeh en 2017, le troisième président de l’histoire de la Gambie, Adama Barrow, avait promis un mandat de « transition » d’une durée de trois ans. Quasiment inconnu au moment de son élection, cet ancien agent immobilier a finalement fait savoir qu’il comptait aller au bout de son mandat et semble prêt à en briguer un deuxième lors du scrutin présidentiel de décembre dans ce petit pays de 2,2 millions d’habitants, toujours plongé dans l’inventaire des années Jammeh. Cette candidature risque de lui mettre à dos les sept partis d’opposition qui l’avaient initialement soutenu.
- Côte d’Ivoire
Après l’élection présidentielle d’octobre qui a remis en selle Alassane Ouattara pour un troisième mandat contesté, la Côte d’Ivoireorganise des législatives le 6 mars. Pour la première fois depuis 2010, ce scrutin se déroulera en présence de toutes les principales formations du pays – et peut-être de l’ancien président Laurent Gbagbo, dont le retour semble imminent. De quoi jauger plus précisément le rapport de forces entre le pouvoir et l’opposition.
- Maroc
Après dix ans à la tête du gouvernement – une place conquise dans la foulée des printemps arabes –, le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) va tenter de défendre ses positions à l’occasion des élections législatives, censées se tenir en septembre. Cette échéance se prépare dans un contexte de discussions assez vives au sein de la formation, alors que le Maroc vient d’annoncer la normalisation de ses relations avec Israël.
- Somalie, Zambie, Cap-Vert, Ouganda
C’est aussi une année d’élection présidentielle pour la Somalie (février), la Zambie (août) et le Cap-Vert (octobre), où le scrutin se tiendra six mois après les législatives. Une élection présidentielle vient aussi de se tenir début janvier en Ouganda, où Yoweri Museveni, 76 ans dont trente-cinq à la tête de l’Etat, démarre un sixième mandat.
DES SOMMETS DIPLOMATIQUES
- Avec l’Union européenne
Un sommet entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA), initialement prévu en 2020, avait été reporté sine die à cause de la pandémie. Le premier ministre portugais, Antonio Costa, dont le pays assure au premier semestre la présidence tournante de l’UE, a exprimé son souhait de l’organiser au printemps à Bruxelles si les conditions sanitaires le permettent. Ces derniers mois, la relation avec l’Afrique a été régulièrement présentée comme une priorité de la diplomatie européenne, avec l’objectif de définir le cadre d’un nouveau partenariat stratégique.
- Avec la Chine
Le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), qui a lieu tous les trois ans, devrait se tenir en 2021 à Dakar, au Sénégal, à une date encore non précisée. L’événement devrait permettre de faire le point sur les relations entre Pékin et l’Afrique, qui se sont considérablement étoffées au cours des deux dernières décennies, jusqu’à imposer la Chine comme premier partenaire commercial du continent. Ce sommet se déroulera dans un contexte particulier, alors que la pandémie a poussé le géant asiatique à déployer une diplomatie sanitaire en distribuant masques et vaccins à ses partenaires africains. Une façon peut-être d’atténuer les critiques portées par les pays occidentaux, qui accusent la Chine de tendre aux pays les plus vulnérables un piège de la dette en multipliant chez eux les projets d’infrastructures.
- Avec la France
Initialement prévu à Bordeaux en juin 2020 sur le thème de la ville et des territoires durables, c’est finalement à Montpellier et en juillet que se déroulera le 28e sommet Afrique-France, lui aussi décalé en raison de la crise sanitaire. Pour la première fois, ce raout devrait se dérouler sans chefs d’Etat, pour donner plus de place à la société civile en se concentrant sur les thèmes de l’enseignement supérieur, de la recherche, de l’innovation ou de l’entrepreneuriat.
DES COMPÉTITIONS SPORTIVES
L’année s’annonce riche en événements sportifs pour le continent africain. Elle a débuté le 16 janvier au Cameroun avec le Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN), une compétition réservée aux joueurs africains évoluant dans leur championnat national. Les matchs de qualification pour la Coupe du monde devraient quant à eux se tenir entre mai et novembre. De son côté, le Rwanda devrait accueillir le Championnat d’Afrique de basket-ball (Afrobasket).
Enfin, les Jeux olympiques de Tokyo, du 23 juillet au 8 août, constitueront le clou de 2021. Un rendez-vous lors duquel les athlètes africains espèrent renouer avec leurs performances d’il y a cinq ans, à Rio de Janeiro, où ils avaient obtenu 45 médailles. A condition que la crise sanitaire ne remette pas de nouveau en cause la tenue de ces compétitions.