Le septième art, cette porte ouverte sur le monde, est un véritable miroir de la société, reflétant les rêves, les espoirs et les luttes de chaque culture. Cependant, l’industrie cinématographique africaine, riche en potentiel, se trouve aujourd’hui dans une bataille acharnée contre un cruel déficit de financement, qu’il provienne des structures publiques ou privées.
L’Afrique, un continent doté d’une histoire et d’une diversité culturelle inestimable, n’a pas encore réussi à exploiter pleinement son potentiel cinématographique. Le manque de financement est l’une des principales entraves à la croissance de cette industrie. Les productions africaines se battent non seulement pour leur survie, mais aussi pour faire face à une concurrence féroce des films étrangers considérés comme de meilleure qualité. Les acteurs et les producteurs, déjà confrontés à des défis monumentaux, voient leurs revenus limités par le piratage, ce qui décourage les investissements dans le secteur.
Selon l’UNESCO, l’industrie cinématographique africaine a le potentiel de créer jusqu’à 20 millions d’emplois, mais elle reste structurellement sous-financée et sous-évaluée. Il est ironique de constater que malgré la vitalité et la créativité de l’industrie, l’Afrique ne parvient toujours pas à exploiter pleinement ce potentiel.
Prenons l’exemple de Nollywood, l’industrie cinématographique du Nigeria, qui produit environ 2 500 films par an, et est la deuxième industrie cinématographique la plus prolifique au monde, après Bollywood. Une réussite qui suscite l’admiration, mais qui ne cache pas les défis. Le cinéma africain, y compris Nollywood, doit encore surmonter de nombreux obstacles, tels que le piratage et le manque de financement.
Un autre facteur préoccupant est la montée en puissance des géants des plateformes numériques. Leur stratégie de croissance est souvent perçue comme une forme de colonialisme numérique sur le continent africain. Cette emprise privée entrave la souveraineté numérique des Africains, les privant de leurs droits numériques fondamentaux. La diffusion incontrôlée de films étrangers nuit à la construction et au soutien de la production cinématographique ainsi que de ses industries annexes.
Face à cette situation critique, il est impératif que l’UNESCO revoie sa gestion des fonds de développement numérique sur le continent. Ces fonds peuvent être un levier essentiel pour stimuler l’industrie cinématographique africaine, favoriser la création d’emplois et renforcer la préservation de la culture africaine à travers le cinéma.
L’Afrique regorge de talents et de récits à partager avec le monde, mais elle a besoin de ressources financières pour écrire la prochaine page de son histoire cinématographique. Le cinéma africain, porteur de voix et de visions uniques, ne doit pas être réduit au silence par le manque de financement et le piratage. Il est temps de réveiller le potentiel endormi de l’industrie cinématographique africaine et de lui permettre de briller sur la scène mondiale.
Par Njifontahouo Adamou, Correspondant Nexfrica pour le Cinéma Africain